Comme les boulangers, les équipes commerciales travaillent sur le vivant !
L'automatisation la plus "intelligente" ne saurait remplacer
le dialogue entre êtres humains

A l’heure où l’automatisation est partout, propulsée encore plus loin par l’émergence des intelligences artificielles génératives, ne perdons pas de vue l’essentiel : les processus d’achat, et donc le processus de vente, sont tous les deux un travail sur le vivant.
Dans le monde du vivant, la course au volume tire toujours la qualité vers le bas. On le voit sur la qualité du pain des grandes chaînes, très salé pour contrebalancer son manque de goût, que les temps de fermentation de plus en plus courts et la non cuisson effacent, malgré l’imagination sans borne des grands moulins en termes d’additifs en tout genre. Et ce n’est pas différent dans le monde commercial.
Combien de mails standardisés, combien de pitchs sourds et aveugles recevons-nous par jour, au téléphone ou sur les réseaux sociaux, combien d’énergie gâchée pour un résultat toujours plus affligeant ? 1% de retour, 2% dans le meilleur des cas.
Je viens d’être la cible moi-même d’un prestataire d’espace de coworking dont je tairai le nom : un premier mail de pitch, un deuxième de relance parce que je n’ai pas répondu, un troisième dont le ton se fait plus ferme, et qui me demande pourquoi je n’ai pas répondu aux deux premiers. Toujours les lundis, toujours à 8h30. Et une certitude : je ne serai jamais client. Je suis vivant !
Engager la conversation n’est pas à la portée de tous les automates, quand bien même leur sophistication pourrait les rendre presque “humain”… En vérité, il n’y a aucune idée nouvelle, aucun angle d’attaque original, seulement le meilleur de la langue de bois.
La résistance s’organise. Elle n’est pas réactionnaire. Elle utilise les médias sociaux dans leur intention première, c’est-à-dire faire des rencontres qu’il aurait été plus difficile de faire de manière conventionnelle. Pas pour pitcher ou faire un monologue, mais pour entamer un dialogue, engager une conversation entre êtres vivants dotés de doutes, de craintes, et aussi de convictions et d’aspirations.
On ne peut rien acheter, ni vendre, en ignorant délibérément la nature humaine. Parce qu’une équipe professionnelle qui cherche une solution à un problème complexe est constituée en moyenne de 6 à 7 personnes, et que les équipes de vente à qui elles auront peut-être à parler seront potentiellement autant tout au long de leur processus de décision. Dans cette configuration, une étude du Gartner montre que chaque concurrent a moins de 30% de chance de l’emporter.
Influencer ce chiffre dans le “bon” sens demande de changer d’approche. Comme le font certains boulangers de talent à qui une fermentation de 72 heures ne fait peur, pas plus qu’une cuisson de 50 minutes. Le produit final a un goût unique qui est le reflet de l’expérience, de la passion, et de l’intuition de l’artisan qui s’intéresse à ce qu’il fait.
Et leur clientèle l’a bien compris !




