Les Temps Modernes

Les intelligences génératives, sujet brûlant de nos discussions, sont tantôt perçues comme une révolution technologique, tantôt comme une menace pour l'emploi, et parfois même les deux simultanément. Elles bouleversent déjà notre approche du travail, à moins qu'elles ne soient que l'application des principes fondamentaux du taylorisme aux cols blancs.
Je ne suis pas un adepte de la course au volume comme unique moteur de croissance, ni des mécanismes hérités du XIXème siècle sur lesquels nous continuons de nous appuyer pour toujours produire plus : spécialisation et automatisation.
Les intelligences génératives s'intègrent parfaitement dans cette logique. Leur pouvoir d'attraction et/ou de rejet réside dans leur capacité à prendre en charge des tâches intellectuelles : synthèse, rédaction, création graphique, argumentation, etc. Elles automatisent les tâches traditionnellement réservées aux cadres !
Et nous avons tout fait pour en arriver là !
Pour appréhender la complexité et tenter de comprendre les choses, notre cerveau n'a qu'une seule solution : diviser. Et de la division à la spécialisation, il n'y a qu'un pas que nous franchissons toujours plus aisément. C'est pourquoi l'expert est constamment remis en question.
La fonction commerciale n'échappe ni à la spécialisation ni à l'automatisation.
De mes échanges ici et ailleurs, elle traverse également ses Temps Modernes : le business développement génère des "MQL" dont une petite partie sera requalifiée en "SQL", qui seront ensuite transmis aux "closers". Une hyper spécialisation dont le niveau d'automatisation est déjà comparable à la chaîne de montage sur laquelle Charlie Chaplin perdait la raison.
Et ce n'est que le début. La profession commerciale est en péril : les derniers bastions de cette véritable science du vivant sont menacés par l'hyper personnalisation promise par les intelligences génératives.
Pourtant, c'est le commerce qui a rapproché les peuples depuis des siècles. Sans doute parce qu'il se joue quelque chose de plus profond au-delà de la transaction. Une relation se tisse, basée sur l'estime et la confiance entre êtres vivants.
Il se pourrait qu'au final, ce soit la seule spécialité qui nous reste, et c'est la raison pour laquelle nous devons chérir nos réseaux sociaux, qu'ils soient digitaux comme LinkedIn ou non.




